Passages de grades en Judo

Lors d’une conversation avec les membres du Bureau et les enseignants de l’Association, ceux-ci m’ont suggéré de parler des différentes méthodes de passages de grade au niveau de la Ceinture Noire, et ce depuis les débuts du Judo en France. 

Quand j’ai cherché les renseignements nécessaires, j’ ai été sidéré du travail que cela me demanderait, avec en plus des risques d’erreur qui auraient mis à mal l’intérêt du sujet.

J’ai donc demandé à Maître Jacques Seguin de me faire parvenir les connaissances indispensables pour effectuer un travail sérieux. Dés la lecture de sa réponse, j’ai pensé qu’il était difficile, voire impossible de la retranscrire d’une manière aussi précise et claire que celle que l’on apprécie de trouver dans son texte.

Donc, je me suis remis en relation avec Maître Seguin pour lui demander l’autorisation de publier sans intervention de ma part, ses écrits. Avec beaucoup de générosité, il a accepté. Qu’il en soit grandement remercié.

Avant toute chose, il est important de rappeler certains événements dans l’historique du club, concernant les passages de grades.

Aux alentours de 1955, M. Jean GASTON, élève d’André ADAM, passe et réussit son examen pour la Ceinture Noire 1er Dan .

Jean GASTONAndré ADAM

Alors qu’il allait ceindre celle-ci, il se retourne vers le Maître japonais Ineo Osaki qui présidait la journée, et lui dit :

« Maître, il m’est difficile de recevoir cette ceinture noire, alors que mon professeur, qui m’a tout appris, n’est que ceinture marron ».

Ineo OSAKI réfléchit un court instant et en pointant son doigt en direction d’André Adam, déclare :

« Adam ! Ceinture Noire ! » 

… et c’est ainsi que grâce à Jean GASTON, le Club s’est retrouvé nanti de deux Ceintures Noires 1er dan, le même jour.

L’association se distinguera plusieurs années plus tard avec Danielle Sanchez, première femme judoka du Tarn à atteindre ce qui était un très haut niveau pour l’époque, surtout pour une femme.

Passages de grades


Par Maître Jacques SEGUIN

L’histoire du Judo en France est longue et chaotique.

Dans les années 50 et 60 on passait la Ceinture Noire 1er Dan en commençant par une épreuve Kata qui portait sur les 5 séries, suivie d’un test compétition sous forme de poules de six, soit 5 combats chacun, et il fallait un minimum de 40 points et un nul autorisé.

Une seule défaite par Ippon écartait le candidat. Il n’y avait pas de catégories de poids, mais les organisateurs répartissaient par catégories morphologiques (au pif…).

Il y avait à cette époque peu de prétendants, sur trois ou quatre poules au maximum.

J’étais passé 1er Dan à Avignon en octobre 1960 avec quatre Ippon et un match nul, contre un « gros » marseillais de 135 kgs !

Au début des années 1960, le Directeur Technique National de l’époque, Monsieur Robert BOULAT, plus axé sur l’aspect sportif que technique, a supprimé les Kata.

On pouvait donc passer les Dan uniquement en compétition, ou choisir l’option technique qui était une deuxième voie.

Les catégories de poids, prônées par Robert BOULAT, ont vu le jour début 1960, et ont été admises au niveau de la Fédération internationale après bien des atermoiements et des échanges musclés entre « pour » et « contre ».

Mais dans les passages de grades, elles n’étaient respectées que dans « la mesure du possible », et disparaissaient vers les 3ème et 4ème Dan qui avaient moins de candidats.

En 1968-72…pour le 4ème Dan, il fallait marquer 50 points dans une poule de 6 DEUX FOIS !

Si l’on marquait 50 points, ou 44 minimum avec trois ippon et deux waza ari, il fallait recommencer lors d’un autre test.

Par exemple, j’avais marqué 5 Ippon en poule, à Marseille, et lorsque je me suis présenté pour le deuxième essai en juin 69 à Montpellier, nous n’étions que deux candidats : Roger CADIERE et moi.

Devant l’impossibilité de former une poule de six, le règlement imposait de prendre une « ligne d’équivalence », soit combattre contre dix ceintures noires, alternées 1er , 2ème Dan, 3ème Dan.
Tout s’arrêtait au bout d’une seule défaite par Ippon, ou bien au bout de deux matches nuls.

J’étais passé 4ème Dan dans ces conditions, ayant réussi à marquer dix Ippon à la file. Il n’y avait toujours pas d’épreuve de Kata.

Les Kata ont été remis à l’honneur au début des années 70-72 lorsque le Président PFEIFER a organisé la réunification du Judo Français , sous la pression des dirigeants du Collège des Ceintures noires, beaucoup plus attachés aux traditions et à l’aspect technique du Judo.
Le Judo fédéral et les « dissidents » du Collège des Ceintures Noires se sont regroupés avec des accords assujettis à des concessions mutuelles.

Les Kata ont donc été réintroduits dans les passages de grades sous forme d’épreuve probatoire pour pouvoir se présenter ensuite dans les poules. Les catégories de poids en passages de grades ont alors été préconisées dans la mesure du possible, mais pas obligatoires.

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